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Se battre contre Ebola en Guinée

Three units of the CUBE, a biosecure intensive care unit for outbreaks of highly-infectious diseases
Three units of the CUBE, a biosecure intensive care unit for outbreaks of highly-infectious diseases - Copyright: John Wessels / ALIMA
John Wessels / ALIMA

Trois unités du CUBE, une unité de soins intensifs pour contrer la propagation des épidémies - Copyright: John Wessels / ALIMA

Empêcher une nouvelle épidémie meurtrière

Bien que découverte en 1976 en République démocratique du Congo, la maladie à virus Ebola est bien connue des guinéens. En décembre 2013, le virus Ebola a fait ses premières victimes dans le sud-est du pays, puis s’est propagé aux pays voisins, dont la Sierra Leone et le Liberia. Cette épidémie est devenue la plus grave épidémie d’Ebola de l’histoire, infectant plus de 28 000 personnes entre 2014 et 2016 avec plus de 11 000 décès.

La maladie à virus Ebola est causée par un virus qui passe des animaux aux humains, se propageant ensuite par la transmission interhumaine. La maladie peut avoir un impact dévastateur sur la sécurité, l'économie et les systèmes de santé des régions touchées.

Le dernier épisode d’Ebola en Guinée a été déclaré au mois de février 2021, après la découverte de trois cas de la maladie à Gouécké, une localité rurale de la préfecture de N’zérékoré, dans le sud-est du pays.

Contrairement à 2014 où la riposte avait tardé à se mettre en place, les autorités sanitaires nationales ont rapidement mis en œuvre la riposte, avec le soutien des partenaires nationaux et internationaux, en s’appuyant sur l’expertise acquise lors de la lutte contre de récentes épidémies en Guinée et en République Démocratique du Congo. Cette mobilisation s’est traduite par la mise en place immédiate des mesures de prévention et contrôle de l’infection, le renforcement de la surveillance épidémiologique, et la mise à disposition des ressources humaines et matérielles pour le traitement des malades.

Soigner dès les premiers symptômes, avec de nouveaux traitements et du matériel de pointe

Alseny Modet Camara est référent médical pour ALIMA au centre de traitement des épidémies de N’zérékoré. C’est la quatrième fois que ce médecin enthousiaste est confronté à une épidémie d’Ebola, lui qui a travaillé en Guinée lors de l’épidémie de 2014 et en République démocratique du Congo pour les 10e et 11e épidémies en 2018 et 2019.

S’il avoue que ses collègues et lui n’étaient « pas prêts » la première fois, celui qui a vu partir beaucoup de ses amis et confrères a ensuite été témoin des progrès scientifiques spectaculaires en matière de lutte contre Ebola.

Doctor Modet Camara, a physician at ALIMA
Doctor Modet Camara, a physician at ALIMA - Copyright: John Wessels / ALIMA
John Wessels / ALIMA

Le docteur Modet Camara, médecin à ALIMA - Copyright: John Wessels / ALIMA

En 2014, la science n’était pas très développée en ce qui concerne la prise en charge médicale de la maladie à virus Ebola. Il n’y avait pas de vaccin, pas de traitement spécifique. Les centres de traitement étaient comme des lieux mythiques, personne ne voulait y aller. Beaucoup de soignants ont fui. Il y avait une psychose totale.

Dr Camara

« Puis nous avons vu arriver les premiers essais cliniques pour des traitements et des vaccins expérimentaux. Suite à l’essai en République démocratique du Congo, deux traitements ont été déclarés efficaces s’ils sont administrés suffisamment tôt après les premiers symptômes. C’est ceux que nous administrons aujourd’hui en Guinée. Grâce à cela, nous avons pu sauver les huit patients qui sont arrivés suffisamment tôt au centre de traitement de N’zérékoré. », explique Dr Camara.

Il raconte l’histoire de la dernière patiente qui a été prise en charge au centre de traitement avant la fin de l’épidémie. « Elle est restée avec nous environ trois semaines. Dès que les analyses ont prouvé la présence du virus Ebola dans son sang, elle a été placée dans une CUBE, une chambre d’urgence biosécurisée. »

Au Centre de Traitement Ebola les agents de santé soignent les patients infectés par le virus
Au Centre de Traitement Ebola les agents de santé soignent les patients infectés par le virus - Copyright: Alexis Huguet / ALIMA
Alexis Huguet / ALIMA

Au Centre de Traitement Ebola les agents de santé soignent les patients infectés par le virus - Copyright: Alexis Huguet / ALIMA

Cette chambre aux parois souples et transparentes permet aux soignants de surveiller les malades en permanence depuis l’extérieur non-contaminé, tout en ayant la possibilité de les ausculter à l’aide de la combinaison intégrée, afin de surveiller leurs constantes en toute sécurité.

« La CUBE apporte une réelle amélioration dans la prise en charge pour nous soignants, mais surtout pour les patients. », conclut Dr Camara. « Cette patiente a pu avoir son mari à quelques mètres d’elle tous les jours, du matin au soir. Ils pouvaient parler à travers la paroi transparente. Ses frères et sœurs sont également venus la voir. Avoir le soutien de sa famille l’a forcément aidée dans son processus de guérison. »

Lutter contre les rumeurs

A cause des rumeurs qui circulent dans les communautés et sur les réseaux sociaux, beaucoup de personnes ne croient pas réellement à la résurgence d’Ebola à N’zérékoré.

Etienne Kpoghomou est parmi les volontaires engagé dans la lutte contre les rumeurs. Pendant la première épidémie d’Ebola, il a perdu des proches parce qu’ils refusaient de croire à l’existence de la maladie. Il a donc décidé de s’engager dans la lutte contre les rumeurs, pour limiter la chaine de contamination et faciliter la riposte.

Avec ses amis, Etienne a mis en place une troupe de théâtre ‘Zaly Théatry’ pour pouvoir sensibiliser les gens à travers le théâtre participatif, en bénéficient du soutien de ‘Search for Common Ground’ qui a renforcé leurs capacités, afin que leurs actions puissent avoir une large portée.

Pour déconstruire les rumeurs, Etienne et ses amis proposent des sessions de dialogue, des causeries éducatives, des émissions interactives, des visites à domicile ou du théâtre participatif tout en respectant les mesures barrières édictées par les autorités sanitaires.

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Visite de sensibilisation dans un salon de coiffure dans le quartier Gbagana - Copyright: Search for Common Ground

M’engager dans la lutte contre les rumeurs, c’est une façon pour moi d’aider ma communauté en sauvant des vies.

Etienne Kpoghomou, volontaire

Fin de l’épidémie

Le samedi 19 Juin 2021, le Ministre de la Santé de la République de Guinée, le médecin-général M. Rémi Lamah, a annoncé la fin de l'épidémie d'Ebola. Au total, lors de cette résurgence, 23 personnes ont contracté la maladie, et 11 ont pu en guérir.

Depuis cette date, la Guinée est entrée dans une phase de 90 jours de surveillance renforcée pour s'assurer que tout nouveau cas soit identifié rapidement et pris en charge avant qu'il ne puisse propager la maladie à d'autres personnes.

Lorsque le virus s’est manifesté, la contribution de l'Union européenne a été fondamentale pour mobiliser diverses ressources et fournir une assistance rapide et efficace aux patients et pour contenir la maladie.

Elle a ainsi appuyé des partenaires avec une expertise reconnue ou déjà opérationnels sur place à N’zérékoré (ALIMA, la GIZ, les Croix-Rouge Française et Guinéenne, et Search for Common Ground) et facilité l’acheminement de matériel et équipement de la France, de l’Allemagne et de la Belgique à travers le Mécanisme de Protection Civile de l’Union européenne.

Cet appui a permis, entre autres, la prise en charge des cas confirmés Ebola avec de nouveaux médicaments plus efficaces, la prévention de la transmission à travers des kits de protection individuelle et des activités de communication sur les risques. En plus, l’Union Européenne et ses partenaires ont soutenu la rénovation du Centre de Traitement des Épidémies de Gouécké.