Dans un pays où 6,5% de la population active totale était sans emploi en 2021 (source : Banque mondiale), le projet PAPEUR Urbain du Fonds Bêkou cherche à renforcer l’activité économique des acteurs locaux (qui peuvent être des individus ou des groupements) et leur capacité de résilience face aux aléas du marché.
Dans ce but, les organisations DRC et COOPI ont assisté 1 120 bénéficiaires qui avaient préalablement lancé leur business pour les aider à stimuler leur productivité et leurs revenus grâce à des formations techniques, de gestion et financière. DRC et COOPI ont également accompagnés les bénéficiaires pour faciliter leur accès au crédit par la mise en réseau des associations villageoises d’épargne et de crédit (AVEC), également constituées préalablement.
Un projet ambitieux et innovant
Le projet PAPEUR Urbain s’inscrit dans la continuité des projets PARFEC et Relance Economique, qui ont accompagné 1 500 acteurs économiques locaux pour le lancement de leur activité génératrice de revenus. Ces projets ont également permis la constitution de 364 groupes AVEC. Le projet PAPEUR Urbain cherche à capitaliser sur les résultats de ces deux projets pour les développer davantage, en faisant un projet ambitieux et innovant.
Dans ce but, le projet a sélectionné ses bénéficiaires parmi ceux qui avaient été soutenu.e.s par les projets PARFEC et Relance économique. La sélection s’est faite sur la base du niveau de motivation des bénéficiaires et du niveau de performance de leur activité (installée dans le cadre des projets précédemment cités). Le coordonnateur du projet, Raymond Chubaka, explique « Ceux qu’on a sélectionnés se donnent à 100% dans toutes les approches que nous mettons en œuvre en termes d’accompagnement et ils comprennent très bien tout ce que nous faisons. »
Booster les activités des bénéficiaires via des formations d’approfondissement de leurs compétences et la distribution de kits
Le projet a dispensé des formations à 1 120 acteurs économiques locaux en entreprenariat, montage de business plan, gestion financière, comptabilité simplifiée. Le projet a également proposé des formations techniques complémentaires aux bénéficiaires dans leur domaine d’activité. Tatiana Zita Mbao, formatrice dans le cadre du projet PAPEUR Urbain rapporte que « Les bénéficiaires étaient intéressé.e.s et réceptif.ve.s, car ielles ont bénéficié d’autres connaissances en plus de ce qu’ils ont appris lors de la première phase du projet. »
Les bénéficiaires ont également reçu des kits (intrants et outils agricoles, matériel utile à la fabrication de savons, etc.) qui ont permis d’augmenter leur production.
À la suite des formations, Agnès Moutoumbe dit se sentir plus à l’aise dans l’exercice de son activité de vente de savons. Elle a notamment acquis de meilleures compétences en gestion financière pour soutenir son activité. Elle est maintenant capable de gérer les dépenses de son ménage en fonction de son revenu, de mieux suivre ses dettes et surtout de faire une meilleure planification des achats et des ventes. Ces nouvelles compétences associées à la distribution des kits ont permis à Agnès d’augmenter son chiffre d’affaires. « Les kits de savonnerie m’ont permis d’augmenter la quantité de ma production. Auparavant, je produisais trois fois par semaines. Maintenant je n’ai besoin de produire qu’une seule fois par semaine. On charge les savons dans la brouette pour aller les vendre sur le marché au lieu d’utiliser la petite bassine. J’étale aussi une petite quantité à la maison pour les gens du quartier au cas où ils ont besoin », dit-elle.
Elle génère actuellement environ 30 000 francs CFA (FCFA) de revenu mensuel et a un capital de 80 000 FCFA. Avant de bénéficier du soutien du projet PAPEUR, son capital était de 10 000 FCFA et son revenu mensuel variait entre 15 000 et 20 000 FCFA, ce qui ne lui permettait d’assurer qu’un seul repas par jour à sa famille. « Je suis maintenant capable de faire face aux différents besoins de ma famille notamment la nourriture, la santé, les redevances scolaire et je suis ravie de servir mes nombreux clients », affirme-t-elle.
André Manguezou, un autre bénéficiaire du projet qui a lancé son activité de maraîchage, témoigne : « Avant cet appui, j’utilisais les méthodes archaïques et je n’avais pas assez d’outils aratoires. Grâce à l’intervention du projet PAPEUR, je me suis doté des connaissances pratiques culturales agricoles et maraîchères ainsi que de gestion d’entreprise. Et ces kits m’ont permis d’augmenter ma capacité de production agricole et maraîchère. J’arrive maintenant à produire en grande quantité et livre aux détaillantes de légumes et à payer régulièrement la scolarité de mes enfants, assurer la nourriture et la santé de ma famille. J’ai également payé un terrain pour élargir la parcelle de mon champ. »
La mise en réseaux des AVEC pour renforcer les activités productives sur le long terme
En plus des efforts précédemment mentionnés, le projet a mis en réseau les AVEC constituées lors des deux projets précédents (PARFEC et Relance économique) afin de leur permettre de mobiliser plus de membres et de ressources dans une logique de mise à l’échelle.
La mise en réseau des AVEC a permis de constituer des réseaux d’épargne et de crédit de 250 à 300 personnes. Les épargnes mobilisées sont ainsi considérablement plus importantes. Raymond Chubaka explique : « La phase actuelle [du projet PAPEUR Urbain] consiste à faire le réseautage, c’est-à-dire, on retourne vers les différents groupes AVEC qui ont été performants durant la première phase du projet – souvent ils sont constitués de 20–25 personnes qui arrivent à mobiliser des épargnes faibles. Le rôle de ce réseau est de regrouper une dizaine d’AVEC qui ont été performantes, qui vont cotiser et constituer une épargne un peu plus importante afin de renforcer leurs activités génératrices de revenus. »
La mise en réseau des AVEC a pris plus de temps qu’espéré, car certains groupes d’AVEC étaient réticents à cette approche. De longs efforts de communication ont été nécessaires aux formateurs pour expliquer la vision du projet, le fonctionnement des réseaux et les bénéfices qu’ils permettraient. C’est surtout après avoir observé les succès des premiers réseaux que la plupart des bénéficiaires ont été convaincus.
Tatiana Zita Mbao précise : « Avant la mise en œuvre du projet, les AVEC épargnaient de petits fonds. Mais maintenant, en les mettant en réseau, […] ils ont la capacité d’épargner même 50 000 FCFA, comparativement aux sommes de 2 500 – 5 000 FCFA qu’ils épargnaient avant la mise en œuvre du projet. » La rotation des membres des comités de gestion chaque année, le partage annuel des dividendes, la bonne collaboration entre les membres et le respect des règlements intérieurs constituent autant de bonnes pratiques qui ont permis le succès des réseaux constitués.
Cyprien Atlais Yassoumalet a bénéficié de l’initiative de mise en réseau des AVEC pour booster sa pratique d’élevage de porcelets à Sakpa-Mborla, dans la commune de Bimbo. « Je suis satisfait des bénéfices de ce processus, car il nous a permis d’augmenter ou de maintenir notre rentabilité. Ce processus nous a permis de partager des idées afin d’exploiter les complémentarités. Il nous a aussi permis d’être dynamiques et autonomes. A travers ce processus, j’ai pu acheter dix porcelets et produire moi-même leurs aliments. J’ai également augmenté la quantité de mes marchandises grâce à ce processus », témoigne-t-il.
A propos du projet
Le projet PAPEUR Urbain, financé à hauteur de 2 900 000 € par le Fonds Bêkou et mis en œuvre par DRC et COOPI, a pour objectif de renforcer l’activité économique des acteurs locaux et leur capacité de résilience face aux aléas du marché. Plus précisément, le projet vise à améliorer la productivité et la compétitivité des filières artisanales et agropastorales en favorisant l’emploi des jeunes en zones urbaines et rurales, tout en renforçant l’autonomie financière et la résilience des acteurs économiques locaux et sous-faitières grâce à des formations et l’accès au crédit. Au total, 1 120 petites et moyennes entreprises de Bangui et ses environs bénéficient de l’appui du projet.