Dans un pays où 11,8% des jeunes étaient sans emploi en 2020 (source : Banque mondiale), le projet DEVRUR II du Fonds Bêkou offre aux jeunes sans qualification des formations suivies d’un accompagnement à la recherche d’emploi ou au lancement de leur micro-projet. Plus de 1 000 jeunes dont 165 filles ont déjà été formés depuis 2 ans.
Pour leur faciliter l’accès à des formations de qualité, le projet renforce les capacités des agents des Centres de Formation Pratique Professionnelle et d’Alphabétisation (CFPPA), de l’Ecole Nationale de l’Elevage à Bouar et des centres de formations professionnelles privées (Don Bosco, CFAR, CFP de l’ONG Kiwito et Bé-Oko Ambré). Le projet contribue également à la réhabilitation de leurs infrastructures.
Élaborer des référentiels de formation
« Aujourd’hui, il n’y a aucun référentiel dans les centres de formation professionnelle de la Centrafrique, ce qui impacte négativement la qualité des formations dispensées dans ces centres et complique l’insertion professionnelle des jeunes » confie Monsieur Sébastien Yandia, Directeur général de l’Enseignement technique, de la formation professionnelle et du partenariat (ministère de l’Education nationale).
« L’UNESCO avait appuyé, en 2010, la Direction générale dans l’élaboration des référentiels de formation pour trois métiers à savoir la menuiserie, la soudure et la mécanique. Malheureusement avec les différentes crises, tout a été vandalisé », ajoute-t-il.
C’est dans ce cadre qu’intervient le soutien de l’agence de coopération belge, Enabel, à travers un projet financé par le Fonds Bêkou. D’après Monsieur Yandia, « L’appui d’Enabel pour l’élaboration des référentiels est indispensable à l’amélioration de l’offre de formation professionnelle en Centrafrique. »
Grâce au travail conjoint d’Enabel, des CFPPA et du ministère de l’Éducation nationale, ce dernier dispose désormais de référentiels de formations en menuiserie/charpenterie, soudure/construction métallique, maçonnerie, électricité, mécanique, production maraichère, transformation et conservation des produits agroalimentaire, conservation des produits forestiers non ligneux, transformation de karité (huile, savon, beurre et crème) et la filature en coton.
Ces référentiels doivent maintenant être authentifiés par le ministère en charge de la Formation professionnelle pour une utilisation dans tous les centres de formation sur le territoire national.
Améliorer les compétences des apprenants et des formateurs
La transmission aux apprenants des compétences techniques et des savoirs- être des métiers est indispensable pour leur permettre de se faire une place dans le monde professionnel. Mais, la qualité de la formation professionnelle dépend en partie du niveau des formateurs. Or, l’analyse du bilan de compétences des formateurs, mené par le prestataire privé LERSA, a relevé la non-maitrise des techniques d’animation et d’élaboration des scénarios pédagogiques. Le projet renforce les compétences des formateurs pour leur permettre d’offrir des apprentissages plus adaptés et plus qualitatifs ; 53 ont été formés depuis le début du projet. Et cela fonctionne, les élèves sont ravis !
« Dans cette formation, moi personnellement, j’ai découvert par exemple le gros câble et j’airetenu comment faire le câblage. J’ai aussi appris l’utilisation des appareils électriques tels que la perceuse et comment passer le câble dans le conduit », explique Armelle Ngodi INGUINA, une apprenante au sein des ateliers. Armelle a suivi un stage d’enseignement pratique, selon l’approche chantier école sur le plan théorique et pratique. Les sujets abordés lors de la formation incluent les risques et la sécurité électrique, les symboles électriques, les schémas électriques, la répartition des charges dans un circuit électrique, les dispositifs de protection, la présentation du plan de l’installation et l’énergie photovoltaïque.
« Si on arrive à donner une formation de bonne qualité aux jeunes, ils seront insérés professionnellement et cela permettra de réduire les risques de leur enrôlement dans les groupes armés. Avec cette approche, nous pourrions aussi réduire le taux de banditisme et d’incivisme chez les jeunes en RCA. » espèreMonsieur Yandia
Réhabiliter les centres et ateliers de formation
Dans le but de doter les participants d’un savoir technique et précis dans leur domaine d’activité tout en renforçant leur efficacité, trois ateliers de formations (menuiserie, électricité et mécanique) sont en cours de réhabilitation dont celui du Centre Don Bosco, situé dans la capitale, Bangui.
Dans ce centre, les élèves et leurs formateurs ont été impliqués dans tout le processus de réhabilitation électrique de l’atelier de mécanique, mettant ainsi directement en pratique leurs savoirs nouvellement acquis. Frère David B. Z. Metoule, directeur du centre de formation professionnelle Don Bosco explique que : « C’était une opportunité qui a permis à notre centre de formation d’organiser un stage pratique en interne au lieu d’envoyer les apprenants à l’extérieur. Les élèves ont travaillé avec tous les conducteurs de différentes sections (1.5, 2.5, 3.5, 16 et 25 mm) ».
Il existe un réseau de neuf CFPPA en République centrafricaine. Parmi eux, trois (ceux de Bossangoa, Bozoum et Berberati) ont redémarré après plusieurs années d’inactivité notamment dans le domaine agropastoral et du génie rural grâce à l’accompagnement du projet DEVRUR II, qui intègre les questions de gouvernance, direction et gestion pédagogique, ainsi qu’un appui aux infrastructures de formation.
A propos du projet
Le projet DEVRUR II contribue à la relance de la dynamique socio-économique des zones d’intervention, à travers la mise en place d’agropoles multifonctionnelles. Celles-ci doivent permettre une augmentation des activités de production et de transformation agricoles, offrir des formations, faciliter l’accès à des services énergétiques et l’accès au crédit.
Le programme concentre actuellement ses activités sur cinq agropoles : Bouar, Bozoum, Bossangoa, Bangui et Sibut.