Alors que près de deux-tiers de la population centrafricaine n’a pas accès à des sources d’eau potable sécurisées, le projet de relèvement socioéconomique dans la zone sud-est de la RCA (RELSUDE) financé par le Fonds Bêkou met les communautés locales au centre à tous les niveaux pour renforcer la salubrité de leurs conditions de vie. De la construction à l’entretien de points d’eau en passant par la sensibilisation des populations, le changement doit venir de l’intérieur !
Les populations locales, moteur de l’amélioration des pratiques d’hygiène
« Avant, la population pratiquait la défécation à l’air libre. Mais après la formation dont nous avons bénéficié, beaucoup de choses ont changé ici. C’est très difficile de convaincre les gens mais nous avons travaillé d’arrache-pied et beaucoup de changements ont été observés en matière d’hygiène. » dit Kamissa, l’une des relais communautaires formés par le projet RELSUDE en Centrafrique.
Renforcer l’accès à l’eau potable pour une meilleure hygiène
Alain Gassingoua, maire de la ville d’Obo (Haut-Mbomou, dans le sud-est de la République centrafricaine) explique : « A Obo, il y a un sérieux problème d’eau potable, d’hygiène et d’assainissement, pendant la saison sèche. A cette période, la population a du mal à trouver de l’eau potable ce qui les pousse à aller vers des sources d’eau non protégées et insalubres. » Selon UNDRR, environ 63% des Centrafricains sont ainsi contraints d’utiliser des sources d’eau dangereuses pour leurs usages quotidiens, les exposant au risque de développer des maladies hydriques, comme la diarrhée, la typhoïde et l’hépatite.
Augmenter la couverture en eau via de meilleures infrastructures
Au premier semestre 2022, le projet RELSUDE a livré 43 points d’eau dans le sud-est de la République centrafricaine. L’ONG Concern a notamment réhabilité trois points d’eau en mai à Kouango (Ouaka) et prévoit de réhabiliter cinq forages et d’en construire cinq supplémentaires à Mobaye (Basse-Kotto) pour augmenter la couverture en eau totale de la ville de plus de 50%. Avec 17 points d’eau fonctionnels, seul un habitant sur cinq de la ville de Mobaye a accès à l’eau potable avant l’intervention du fonds Bêkou.
Travailler avec les communautés pour permettre l’acceptation des activités et leur usage à long terme
Les familles sont impliquées dans les projets de construction. En tant qu’actrices du projet, les populations locales sont davantage enclines à utiliser les points d’eau et les latrines construits.
Les bénéfices de ces nouvelles infrastructures sont durables grâce à la formation de personnel de maintenance pour chaque point d’eau. Ces derniers sont ainsi capables de faire de petites réparations (fissures, pompes endommagées, etc.) ; des réparateurs sont aussi formés pour traiter les défauts plus techniques.
Entre janvier et juin 2022, le projet RELSUDE a formé 36 comités de gestion des points d’eau dont les membres ont été élus par les communautés. Les femmes sont encouragées à se présenter pour les postes à responsabilité (présidente, secrétaire, trésorière, etc.). Ces comités sont impliqués à tous les niveaux de la mise en place des points d’eau (choix du modèle et du site d’implantation des ouvrages, gestion des ressources, etc.).
La clé de l’amélioration des pratiques d’hygiène : informer les populations
Pour renforcer les bonnes pratiques d’hygiène, le projet a formé des relais communautaires choisis par leurs pairs. Ils et elles utilisent des images illustrant des situations de la vie quotidienne pour faciliter la communication avec des familles, souvent non-alphabétisées. Le lavage des mains, les dangers liés à la chaîne de contamination de l’eau, les gestes barrières contre la COVID-19 sont autant de sujets abordés.
Dans la première moitié de l’année 2022, les relais communautaires ont ainsi touché 21 071 personnes, dont un peu plus de la moitié étaient des femmes dans les préfectures de l’Ouaka, de la Haute-Kotto et du Mbomou.
A propos du projet
Le projet « I LA TENE TI TO NA MBONGO – Tous ensemble pour le sud-est » vise à contribuer au relèvement socio-économique et promouvoir la réconciliation des populations dans la zone du sud-est de la République centrafricaine.
Certains bénéficiaires sont accompagnés dans le lancement d’une activité économique grâce à des formations techniques et à la réception de kits. Des cours d’alphabétisation sont aussi dispensés pour les femmes. Le programme se concentre sur les régions de l’Ouaka, de la Haute-Kotto, de la Basse-Kotto, du Mbomou et du Haut-Mbomou.
Le projet est mis en œuvre par un Consortium rassemblant ACTED (lead), Concern, COOPI, Free Press Unlimited, IMPACT et OXFAM.