Des réformes légales pour le futur des forêts ivoiriennes - Commission européenne
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Des réformes légales pour le futur des forêts ivoiriennes

La gestion durable des forêts est l’art de concilier ce que les usagers souhaitent obtenir de la forêt, avec ce que la forêt peut produire durablement. Ce fragile équilibre requiert un cadre légal qui conjugue développement économique, préservation des ressources naturelles et bienêtre des populations. En Côte d’Ivoire, cela n’a pas toujours été le cas, le pays ayant perdu plus de 80 % de son couvert forestier original. Néanmoins, au cours des dernières années, d’importantes réformes légales ont été mises en place pour transformer la manière dont le secteur forestier est géré.

Ces réformes ont été catalysées par un accord bilatéral entre la Côte d’Ivoire et l’Union européenne (UE) portant sur la légalité du bois appelé Accord de partenariat volontaire (APV) sur l’application des réglementations forestières, la gouvernance et les échanges commerciaux (FLEGT), et commencent à porter leurs fruits. Comme l’explique le Lieutenant-Colonel SYLLA Cheick Tidiane, Point focal de la Côte d’Ivoire pour cet accord, « depuis le début des négociations, un nouveau régime de propriété des forêts est en vigueur, les procédures d’exportation ont été clarifiées, le rôle de la société civile a été reconnu et réglementé, et il existe un contexte plus favorable à la participation des différents acteurs dans la mise en œuvre de la politique forestière ».

Une nouvelle ambition : reconstituer 20 % de couvert forestier

Un accord de partenariat avec l’UE comme catalyseur de réformes

Des réformes participatives

Un nouveau régime de propriété des arbres

Le processus de révision du cadre juridique du secteur forestier a permis de mettre en évidence certaines lacunes, d’identifier des solutions et d’élaborer de nouvelles réglementations pour les intégrer dans le cadre juridique.

Une des problématiques abordées est celle de la propriété des arbres. Le modèle de gestion forestière qui prévalait avant le début des négociations de l’APV était fondé sur l’exclusivité de la propriété publique des ressources forestières, ce qui excluait les propriétaires terriens d’une rémunération associée à la valeur des arbres naturellement présents sur leurs terres. Cela avait pour effet de limiter fortement l’intérêt des agriculteurs pour le reboisement.

Aujourd’hui, le Code forestier reconnait aux villageois le droit de propriété des arbres présents sur les terres desquelles ils sont propriétaires – aussi selon le droit coutumier. Raphaël Kra, associé pays de l’ONG internationale ClientEarth en Côte d’Ivoire, explique que « le bénéfice est maintenant clairement spécifié dans la réglementation : les communautés sont propriétaires de leurs forêts, même si la terre ne leur appartient que de façon coutumière, la propriétaire coutumière étant reconnue par la loi. Cela leur permettra de commercialiser librement les arbres qui se trouvent sur leurs parcelles, mais en plus favorisera le reboisement, car ils auront maintenant un intérêt économique pour le faire ».

Un nombre des textes légaux sont encore en cours d’adoption, mais une fois finalisés, le nouveau régime de propriété permettra aux propriétaires de développer et de bénéficier de leurs ressources forestières à long terme, un véritable changement de paradigme pour le secteur forestier.

La clarification des procédures d’exportation

La reconnaissance du rôle de la société civile

Un autre changement introduit dans le Code forestier est la reconnaissance du rôle d’observation indépendante de la société civile.

Youssouf Doumbia, président de l’Observatoire ivoirien pour la gestion durable des ressources naturelles (OI-REN), explique que « la mauvaise gouvernance fait partie des facteurs qui ont réduit le couvert forestier national. Pour éviter cela dans le futur, la société civile doit jouer un rôle de contrôle citoyen qui permet de dénoncer les irrégularités relatives à la gestion des ressources forestières, mais aussi de proposer des solutions et de mener les décideurs à corriger ces irrégularités. En ce sens, les négociations de l’APV ont contribué à la prise de dispositions juridiques concrètes pour instituer l’observation indépendante dans la gestion et la gouvernance forestières ».

Un climat d’affaires plus favorable

Les réformes légales impulsées dans le cadre des négociations de l’APV visent aussi à créer un climat des affaires plus favorable pour le secteur privé. Selon Gilles Gueu, secrétaire général du Syndicat des producteurs industriels du bois (SPIB), « le fait de réglementer l’activité permettra d’établir une concurrence loyale, car les entreprises seront toutes sur le même pied d’égalité. La réglementation permettra aussi aux opérateurs économiques de concurrencer à égalité sur les marchés nationaux en sachant que les opérateurs illicites seront exclus. »

De plus, et sans perdre de vue que l’APV est avant tout un accord commercial sur le bois, « la réglementation permettra aux industriels de valoriser leur produit à l’international, car l’autorisation FLEGT permettra aux produits ligneux ivoiriens de circuler librement sur le marché européen ».

Vers un meilleur futur des forêts ivoiriennes

Bien que des défis subsistent pour la réussite des objectifs de l’APV, la Côte d’Ivoire et l’UE collaborent étroitement pour assurer la pérennité de cet équilibre nécessaire entre toutes les parties prenantes pour garantir une meilleure gouvernance des ressources naturelles et de la reconstitution du couvert forestier ivoirien.

Comme l’explique Denisa Salkova, Point focal de l’UE pour l’APV FLEGT entre l’UE et la Côte d’Ivoire, « il est important que les décideurs politiques et les parties prenantes travaillent ensemble pour élaborer et mettre en œuvre des lois efficaces qui assurer un avenir durable pour le secteur forestier, une approche qui est facilitée par l’APV FLEGT. »

 

Original article published on FLEGT VPA Facility