A Sibut, ville centrafricaine située à 180 Km de la capitale Bangui, c’est La Voix de Kémo, radio communautaire de la localité, qui est écoutée par les habitants et habitantes tout au long de la journée. Cette radio est soutenue par la Fondation Hirondelle / Radio Ndeke Luka à travers le volet de renforcement du secteur médiatique de son projet d’appui au processus de paix, financé par le Fonds fiduciaire de l’UE en faveur de la République centrafricaine – Fonds Bêkou. Formations, coaching, dons d’équipements, coproduction d’émissions : ce sont autant d’activités dont bénéficient La Voix de Kémo et ses agents afin de garantir toujours plus de qualité aux auditeurs et auditrices.
Fin 2021, la radio ne comptait qu’une femme parmi les 12 agents de la radio communautaire. « Une seule femme, ce n’était pas suffisant » déplore Innocent Banga Ziambi, le Directeur de la Voix de Kémo, « il y avait un déséquilibre – pendant la semaine, ce n’était pratiquement que des hommes que les auditeurs écoutaient à la radio ».
Alors, en janvier 2022, le recrutement est lancé pour 3 postes à l’animation et 1 poste à la technique, avec la ferme volonté de pouvoir intégrer de nouvelles femmes dans l’équipe. Premier succès, sur les 29 dossiers reçus, 11 étaient des dossiers féminins, dans une ville où les jeunes femmes peinent à poursuivre leur scolarité au-delà du baccalauréat. Innocent Banga Ziambi explique « Les femmes qui étaient anciennement à la radio – notamment celle qui a été embauchée par une grande radio du pays ont inspiré les plus jeunes. Et puis nous avons fait de la sensibilisation sur les ondes en incitant les femmes à travailler et s’autonomiser ».
Avant d’obtenir leur poste à la radio, Edwige, Daniella et Huridis travaillaient au champ et vendaient leur récolte au marché. « Avec ce nouveau travail d’animatrices à la radio, on rencontre plus de gens, des gens différents qu’on ne rencontre pas au marché. On peut discuter avec ces personnes de beaucoup de choses » se réjouit Edwige. Pour Daniella, c’est un plaisir de venir travailler à la radio et de gagner en notoriété dans la ville : « On participe au développement de notre ville car sans radio, on ne se sent pas bien, on a pas d’information, ce sont seulement les rumeurs qu’on entend au quartier ».
Cette opportunité professionnelle leur permet de développer leurs compétences informatiques et de pratiquer l’écriture mais aussi de gagner un salaire fixe. « On est beaucoup félicitées par nos familles d’avoir obtenu ce travail » confie Huridis.
La question du genre reste une problématique centrale en RCA et dans le secteur médiatique particulièrement, où les femmes restent peu ou pas représentées aux postes décisionnaires : rédactrice en chef, directrice de radio ou membre des conseils d’administration.
Créer un environnement favorable à la montée en compétence des femmes est un défi quotidien sur lequel s’investissent la Radio Ndeke Luka et ses partenaires, comme la 'Voix de Kémo', travaillant à une inclusion effective des femmes dans les programmes mais aussi dans les équipes.
La radio a été créée en 2000 par la Fondation Hirondelle et bénéficie du financement du Fonds Bêkou, fonds multibailleur de l’Union européenne visant à soutenir la résilience de la République centrafricaine. Grâce à cet appui, Radio Ndeke Luka produit et diffuse une information fiable, indépendante et largement accessible.
Elle émet en français et en langue nationale – le sango, 24h/24, 7 jours/7, à partir d’émetteurs FM installés dans la capitale Bangui et dans 9 villes de province. Le projet a également pour objectif d’appuyer les médias centrafricains dans leur professionnalisation et leur autonomisation.